Alain de Benoist

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Alain de Benoist.

Alain de Benoist, né le 11 décembre 1943 à Saint-Symphorien (Indre-et-Loire), est un écrivain, journaliste, philosophe et politologue français, chef de file de la « Nouvelle Droite ». Il utilise le pseudonyme de Robert de Herte, sous lequel il rédige les éditoriaux d'Éléments (et signait autrefois ses écrits Fabrice Laroche).

Livres[modifier]

Les Idées à l'endroit , 1979[modifier]

En outre, passé, présent et futur ne sont plus des points distincts sur une ligne pourvue d'une seule dimension, mais au contraire des perspectives qui coïncident dans toute actualité. Le passé, remarquons-le, n'est jamais perçu comme tel qu'en tant qu'il s'inscrit dans le présent (les événements auxquels il se rapporte ne sont " passés " que dans le présent : lorsqu'ils se déroulaient, ils étaient présents). Il en va de même du futur. Ainsi toute actualité est-elle, non un point, mais un carrefour : chaque instant présent actualise la totalité du passé et potentialise la totalité du futur. Il y a tridimensionalité du temps historique. La question de savoir si l'on peut ou non faire "revivre le passé" devient caduque : le passé-conçu-comme-passé revit toujours dans tout présent ; il est l'une des perspectives grâce auxquelles l'homme peut élaborer des projets et se forger un destin.
  • Les Idées à l'endroit, Alain de Benoist, éd. Libres-Hallier, 1979, p. 38


Il ne suffit pas d'être né, il faut encore être « créé ». La création est postérieure à la naissance, on ne peut être « créé » que par soi. C'est ainsi que l'on se donne une âme. Maître Eckhart parle d'« autocréation » (Selbstschöpfung) : « Je fus la cause de moi-même, là où je me voulus moi-même et je ne fus rien d'autre. Je fus ce que je voulus, et ce que je voulus, ce fut moi ». Dans l'Edda (Hávamál, v), image d'Odhinn : lui-même à lui-même sacrifié. Un peuple fonde une culture quand il devient cause de lui-même – qu'il trouve en lui-même seulement (dans sa tradition) la source d'une perpétuelle nouveauté. De même l'homme : trouver en soi-même les causes de soi et les moyens d'un dépassement de soi.
  • Les Idées à l'endroit (1977), Alain de Benoist, éd. Libres-Hallier, 1979, p. 49


Tous les hommes de qualité sont frères, n'importe la race, le pays et le temps.
  • Les Idées à l'endroit (1977), Alain de Benoist, éd. Libres-Hallier, 1979, p. 54


Cultiver un moi collectif est peut-être le meilleur moyen de contribuer à l'universel.
  • Les Idées à l'endroit (1974), Alain de Benoist, éd. Libres-Hallier, 1979, p. 145


Comment peut-on être païen ?, 1981[modifier]

Dans ces convergences, elle (Sigrid Hunke) a su lire une continuité spirituelle exprimant les lignes de force d’une « religion de l’Europe » - la vraie religion de l’Europe -, une religion qui apparaît dès la fin du IVe siècle avec Pelage, qui réapparaît au IXe siècle avec Scot Erigène, qui se poursuit au XVIe siècle avec Maître Eckhart et ses disciples… et dont les héritiers , à des titres divers, sont aussi bien Erasme et Léonard de Vinci que Henri Moore, Shaftesbury, l’essentiel du mouvement romantique et idéalisme allemand, Goethe, Kant, Fichte, Schelling, Schleiermacher et Herder, les Russes Théophane et Berdiaev, les Français Teilhard de Chardin et Saint-Exupéry, etc.

Chez la plupart de ces auteurs on retrouve en effet, portés au plus haut niveau, certains thèmes fondamentaux de la pensée païenne telle que nous nous sommes efforcés de la définir jusqu’à présent : en premier lieu l’unité transcendantale du cosmos, la continuité entre Dieu (ou les dieux) et le monde – un monde dont l’être est parfait mais non immobile, qui est le lieu d’un devenir permanent en toutes directions ; un Dieu qui rend le fini lui-même infini , qui conduit à penser l’espace et le temps comme infinis.

  • Comment peut-on être païen ?, Alain de Benoist, éd. Albin Michel, 1981, p. 241-242


Dernière Année. Notes pour conclure le siècle, 2001[modifier]

L'intelligence met déjà à l'écart. Mais si la sensibilité s'y ajoute, alors là, c'est la solitude complète.
  • Dernière Année. Notes pour conclure le siècle (1999), Alain de Benoist, éd. L'Âge d'Homme, 2001, p. 40


Comment pourrais-je être l'adversaire des étrangers alors qu'il n'y a pas plus étranger que moi au monde dans lequel je vis ?
  • Dernière Année. Notes pour conclure le siècle (1999), Alain de Benoist, éd. L'Âge d'Homme, 2001, p. 44


Un antisémite est quelqu'un qui reproche aux Juifs d'habiter mentalement dans un ghetto, tout en se proposant de les empêcher physiquement d'en sortir.
  • Dernière Année. Notes pour conclure le siècle (1999), Alain de Benoist, éd. L'Âge d'Homme, 2001, p. 49


Un mal nécessaire n'est pas un moindre mal. Le pire des maux est celui dont on a besoin. Par exemple, l'argent.
  • Dernière Année. Notes pour conclure le siècle (1999), Alain de Benoist, éd. L'Âge d'Homme, 2001, p. 73


« Quand la voiture qui allait l'écraser fut sur lui, il trouva encore la force de la frapper de son poing fermé ». J'aurais aimé écrire un roman qui se fût achevé sur cette phrase.
  • Dernière Année. Notes pour conclure le siècle (1999), Alain de Benoist, éd. L'Âge d'Homme, 2001, p. 133


Se sacrifier. Donner. Donner sans rien attendre en retour. Donner non par devoir, mais en étant mû par la conviction que celui qui donne est toujours plus riche que celui qui reçoit — lequel a charge de donner à son tour. Au fond, c'est là le seul vrai grand principe éthique. Tout le reste en dérive.
  • Dernière Année. Notes pour conclure le siècle (1999), Alain de Benoist, éd. L'Âge d'Homme, 2001, p. 141


Tout saut en avant implique au préalable un pas en arrière. Il en va de même pour la régénération de l'histoire, c'est-à-dire pour un nouveau commencement. Il faut prendre son élan.
  • Dernière Année. Notes pour conclure le siècle (1999), Alain de Benoist, éd. L'Âge d'Homme, 2001, p. 160


Je lis, rapidement, L'archéofuturisme, de Guillaume Faye. Comme dans tous les livres qui, depuis au moins un siècle, relèvent de la rhétorique de l'urgence, le style est haletant et l'avenir exclusivement conçu sous forme d'apocalypse (la « conjonction des catastrophes »). Ce qui frappe, c'est la façon dont l'auteur ne trouve rien à opposer à l'époque actuelle qui n'en soit pas la surenchère, qui n'en représente pas l'intensification : contre l'univers de la maîtrise et de l'aliénation de soi, toujours plus de volonté de domination; contre la démonie technicienne, encore plus de déchaînement technicien; contre le primat de l'efficience et le matérialisme pratique, les idées réduites à leur seule valeur instrumentale; contre la montée de l'intolérance, le recours à l'exclusion généralisée; contre le mouvement pour le mouvement, la fuite en avant. Rien d'« archaïque » ni de « futuriste » ici, ni même de postmoderne, seulement l'exponentielle de la modernité et tous les ingrédients de l'autodestruction. Pour finir, Faye dépeint un univers de fiction où je n'aimerais pas vivre. Prométhée contre Zeus : en termes jüngeriens, un tel livre se situe du côté des Titans.
  • Dernière Année. Notes pour conclure le siècle (1999), Alain de Benoist, éd. L'Âge d'Homme, 2001, p. 183


Le libéralisme naissant, à partir du XVIIIe siècle, a donné lieu à une « critique de droite », qui le rappelait à la réalité de la nature humaine, et à une « critique de gauche », qui le condamnait au nom des pauvres et des humiliés. Le drame est que ces deux critiques se sont disjointes – et de façon telle que chacune d'elles, pour triompher de l'autre, a fini par s'allier à ce qui aurait dû rester leur ennemi commun. J'aurai toute ma vie aspiré à ce que ces deux critiques n'en fassent qu'une.
  • Dernière Année. Notes pour conclure le siècle (1999), Alain de Benoist, éd. L'Âge d'Homme, 2001, p. 278


Critiques-Théoriques, 2003[modifier]

La publicité n’est pas seulement le vecteur d’une incitation à l’achat. Globalement, elle sert avant tout à entretenir l’idée que le bonheur, raison d’être de la présence au monde, se ramène ou se confond avec la consommation. Elle ne vise pas tant à valoriser un produit particulier qu’à valoriser l’acte d’achat dans sa généralité, c’est-à-dire le système des produits. La publicité incarne le langage de la marchandise, qui est en passe de s’instaurer comme le paradigme de tous les langages sociaux.
  • Critiques-Théoriques (2000), Alain de Benoist, éd. L'Âge d'Homme, 2003, p. 130


Ceux qui affirment que rien n’est plus démocratique que l’audimat se moquent du monde, bien entendu. L’audimat ne permet pas de mesurer ce que les gens veulent, mais de savoir jusqu’à quel point ils ont intériorisé ce qu’on les a habitués à vouloir — ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Les gens aiment ce qu’on leur fait aimer. Dans ce domaine comme ailleurs, c’est l’offre qui détermine la demande, et non l’inverse.
  • Critiques-Théoriques (2000), Alain de Benoist, éd. L'Âge d'Homme, 2003, p. 130-131


Le plus grand intérêt des vivants étant de rester vivants, si la guerre ne mettait en œuvre que des pulsions intéressées, elle aurait disparu depuis longtemps. La preuve en est que ce n'est jamais en faisant appel à la notion d'intérêt que l'on a amené les hommes à se battre, mais au contraire en leur faisant valoir qu'il y a des choses qui excédaient leurs intérêts et qui méritaient, par là même, qu'on accepte de mourir pour elles.
  • Critiques-Théoriques (1998), Alain de Benoist, éd. L'Âge d'Homme, 2003, p. 395


Au-delà des droits de l'homme. Pour défendre les libertés, 2004[modifier]

Mais aujourd’hui, le discours des droits de l'homme n'a pas seulement pour but de fournir une idéologie de substitution après l'effondrement des « grands récits ». En cherchant à imposer une norme morale particulière à tous les peuples, il vise à redonner bonne conscience à l'Occident en lui permettant de s'instituer une fois de plus en modèle et de dénoncer comme des « barbares » ceux qui refusent ce modèle. Dans l'histoire, les « droits » n'ont été que trop souvent ce que les maîtres de l'idéologie dominante avaient décidé de définir ainsi. Associé à l'expansion des marchés, le discours des droits de l'homme constitue l'armature idéologique de la globalisation. Il est avant tout un instrument de domination, et doit être regardé comme tel.
  • Au-delà des droits de l'homme. Pour défendre les libertés, Alain de Benoist, éd. Krisis, 2004, p. 4


Les hommes doivent pouvoir lutter partout contre la tyrannie et l’oppression.

Contester l’idéologie des droits de l’homme, ce n'est donc évidemment pas plaider pour le despotisme, c'est bien plutôt contester que cette idéologie soit le meilleur moyen d'y remédier. C'est s'interroger sur la validité des fondements de cette théorie, sur le statut nomologique de ces droits, sur les possibilités d'instrumentalisation dont ils peuvent faire l'objet. C’est aussi proposer une autre

solution.
  • Au-delà des droits de l'homme. Pour défendre les libertés, Alain de Benoist, éd. Krisis, 2004, p. 4


La théorie des droits de l'homme postule par ailleurs l'existence d'une nature humaine universelle, indépendante des époques et des lieux, qui serait connaissable par le moyen de la raison. De cette affirmation, qui ne lui appartient pas en propre (et qui en soi n'a rien de contestable), elle donne une interprétation très particulière, impliquant une triple séparation : entre l'homme et les autres vivants (l'homme est seul titulaire de droits naturels), entre l'homme et la société (l'être humain est fondamentalement l'individu, le fait social n'est pas pertinent pour connaître sa nature), entre l'homme et l'ensemble du cosmos (la nature humaine ne doit rien à l'ordre général des choses). Or, cette triple séparation n'existe pas dans l'immense majorité des cultures non occidentales, y compris bien entendu dans celles qui reconnaissent l'existence d'une nature humaine.
  • Au-delà des droits de l'homme. Pour défendre les libertés, Alain de Benoist, éd. Krisis, 2004, p. 36


Articles[modifier]

Qui a colonisé ne saurait s’étonner d’être envahi à son tour.
  • « Identité, Égalité, Différence », Alain de Benoist, Voxnr, 12 Décembre 2013 (lire en ligne)


La christianisation de l’Europe, l’intégration du christianisme au système mental européen, fut l’événement le plus désastreux de toute l’histoire advenue à ce jour – la catastrophe au sens propre du terme.


Mon identité n'est pas une forteresse aveugle, une cuirasse derrière laquelle je m'abrite pour me couper des autres. Elle est cette fenêtre qui n'appartient qu'à moi grâce à laquelle je peux découvrir le monde.


La perte d’identité est une pathologie qui prive l’individu à la fois de son

identité singulière (son nom) et de toute sociabilité possible, puisque celle-ci

implique toujours une médiation. Elle est en cela comparable à l’amnésie, à l’oubli, dont le propre est de plonger les êtres et les choses dans l’indistinction. Elle est comme cette « parole sans voix » dont parle Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra : une parole sans sujet, sans identité. Elle correspond à ce processus par lequel le sujet cesse d’exister comme tel, et n’existe plus que comme objet. La perte d’identité, pour les individus comme pour les peuples, c’est la sortie du symbolique. Cette sortie condamne à l’errance dans le perpétuel présent, c’est-à-dire à une fuite en avant qui n’a plus ni but ni fin.


Nous vivons à la fois dans le mouvement perpétuel et dans le sur-place, dans le trop plein et dans le trop vide. À la fois dans l'idée que tout est possible, et dans le constat que rien ne peut être maîtrisé.


La décroissance représente une alternative en forme de rupture. Mais elle ne sera possible qu'à la condition d'une transformation générale des esprits. Serge Latouche parle à très juste titre de "décoloniser l'imaginaire". Cela impose de combattre le productivisme sous toutes ses formes, en vue, non d'un retour en arrière, mais d'un dépassement. Il s'agit de faire sortir de nos têtes le primat de l'économie et l'obsession de la consommation, qui ont rendu l'homme étranger à lui-même. De rompre avec le monde des objets pour réinstituer celui des hommes.
  • « L'ère du gaspillage », Robert de Herte (Alain de Benoist), Éléments, nº 119, hiver 2006, p. 3


L’alternative n’est pas pour lui [le FN] de s’enfermer dans le bunker des « purs et durs » ou, au contraire, de chercher à se « banaliser » ou à se « dédiaboliser » (le fait d’être diabolisé n’a pas empêché Sarkozy d’être élu, mais lui a au contraire valu des voix supplémentaires) tout en adoptant, d’élection en élection, la tactique du hamster qui tourne sans cesse dans sa roue tout en restant sur place. L’alternative à laquelle il se trouve confronté aujourd’hui de manière aiguë est toujours la même : vouloir encore incarner la « droite de la droite » ou se radicaliser dans la défense des couches populaires pour représenter le peuple de France dans sa diversité. Rien n’indique pour l’instant qu’il choisira la deuxième solution. Il reste au FN à apprendre comment devenir une force de transformation sociale dans laquelle puissent se reconnaître des couches populaires au statut social et professionnel précaire et au capital culturel inexistant, pour ne rien dire de ceux qui ne votent plus (entre 2002 et 2007, l’abstention est passée de 20 à 31 % en milieu ouvrier). Rien n’indique, là non plus, qu’il en ait la capacité ni même la volonté.


Le socialisme, pour la classe ouvrière, c'était la solidarité et le sens du bien commun, la lutte contre le désordre établi, la revendication de plus de justice et de dignité. (...) Les Versaillais sont aujourd'hui plus que jamais au pouvoir. Personne ne se lance plus «à l'assaut du ciel», qui du reste est pollué. A Satory, sur la Butte rouge, on a dû construire un McDo, et le merle moqueur fera bientôt partie des espèces menacées. Ce n'est pas une raison pour désespérer. Comme le dit la chanson, «t'en fais pas, Nicolas, la Commune n'est pas morte !»
  • « Le temps des cerises reviendra ! », Robert de Herte (Alain de Benoist), Éléments, nº 126, automne 2007, p. 3


Dans un tel climat, l'important n'est plus tant de savoir qui est judéophobe mais qui a pouvoir de décider qui l'est.


Des Méditerranéens venus des deux rives opposées du « continent maritime » auront de ce fait toujours entre eux plus d’affinités, voire de souvenirs, qu’un Espagnol ou un Italien n’en aura avec un Finlandais ou un Américain. Question de paysages, d’odeurs, de souvenirs personnels et historiques peut aussi. A l’heure où, pour la première fois depuis le Moyen Age, l’islam est devenu une réalité dans l’Europe occidentale, il serait dommage de l’oublier.


(...) la liberté d’expression n’a de sens que pour autant qu’elle est indivisible, et qu’en matière d’opinions, elle ne tolère par principe aucune dérogation. La liberté d’expression – faut-il le rappeler ? – n’a pas pour vocation de protéger les opinions convenables ou consensuelles, et moins encore celles qu’on partage ou qu’on approuve, mais au contraire celles qui nous choquent et que nous trouvons détestables. Voltaire se disait prêt à mourir pour permettre à ses adversaires de s’exprimer.
  • Propos tenus alors que le ministre de l'Intérieur français, Manuel Valls, a fait part en décembre 2013 de son intention de tenter de faire interdire les spectacles de l'humoriste Dieudonné.
  • (fr) « La liberté de s’exprimer et de rire ne se partage pas ! », Alain de Benoist et Nicolas Gauthier (propos recueillis par), Boulevard Voltaire, 3 janvier 2014 (lire en ligne)


Qu’un écrivain déclare, comme la chose la plus naturelle du monde, qu’il préfère le commerce charnel des très jeunes personnes aux turpitudes classiques de ses contemporains, et il n’en faut pas plus – en pleine société permissive [sic] – pour le faire passer pour le Diable dans le Landerneau parisien. [...] Pour ma part, c’est ce « scandale »qui me scandalise. Question de goût d’abord : n’aurait-on pas le droit de préférer caresser les hanches des lycéennes plutôt que la poitrine mafflue de la comtesse Grancéola (réplique matznévienne de la Castafiore ou la ménopause bien sonnée de la baronne Adélaïde Cramouillard, présidente de l’Union mystique universelle. Question de principe aussi : on peut désapprouver ce que l’on veut, mais comment peut-on, au sens propre du terme, être choqué par quoi que ce soit ? Quant à la gravité du délit, enfin,il me semble, selon mon échelle de valeurs personnelles, qu’il est plus « scandaleux » de regarder les jeux télévisés, de jouer au Loto ou de lire Le Meilleur, que d’avoir la passion des fesses fraîches, des émotions naissantes et des seins en boutons. Bien des imbéciles se sont horrifiés de la publication des Moins de seize ans. Que des adultes qui admettent fort bien que leur progéniture s’abrutisse des journées entières devant des machines à sous ou des téléfilms débiles, tremblent à l’idée que leur fille, plutôt que de passer son temps avec des crétins de son âge, puisse coucher avec un écrivain « qui pourrait être son père » et tomber dans les rets de ce suborneur de Gabriel, me fait, quant à moi, plutôt éclater de rire. [..] Quant aux jeunes personnes qui fréquentent Gabriel Matzneff, je ne doute pas qu’elles apprendront à son contact plus de choses belles et élevées que dans la vulgarité et la niaiserie que secrète à foison leur vie familiale et scolaire.
  • L’enfant interdit : Comment la pédophilie est devenue scandaleuse p.90-92, 2013, dans Elements, Pierre Verdrager.


Toutes les dimensions constitutives de la temporalité sont aujourd’hui rabattues sur le moment présent. Ce « présentisme » fait partie de la détresse spirituelle de notre époque. Twitter n’en est qu’un exemple parmi d’autres. L’importance qu’on donne aujourd’hui aux tweets est une sorte d’assomption métaphysique de la brève de comptoir. Elle mesure une déchéance. C’est la raison pour laquelle je ne « tweete » jamais. Je n’ai pas non plus de compte Facebook. Je n’utilise ni « smartphone », ni « Blackberry », ni tablette tactile, ni iPad, ni iPod, ni aucun autre gadget pour petits-bourgeois numérisés et connectés. D’ailleurs, je me refuse même à avoir un téléphone portable ; car l’idée de pouvoir être joint en permanence m’est insupportable. La disponibilité totale relève d’un idéal de « transparence » totalitaire. Il faut lui opposer des opacités bienfaisantes.
  • « Facebook ? Le simulacre des « amis » sans amitié... », Nicolas Gauthier (journaliste) et Alain de Benoist, Boulevard Voltaire, 1er décembre 2013 (lire en ligne)


Le pays peut-il sombrer dans la guerre civile ? Beaucoup de gens avancent cette hypothèse, mais je n’en crois rien. Dans un avenir prévisible, on peut s’attendre à des colères, à des troubles, à des émeutes, à des violences de toute nature, mais la guerre civile reste à mes yeux un fantasme. Je remarque d’ailleurs que ceux qui mettent le plus en garde contre cette perspective sont aussi, en général, ceux qui souhaitent le plus la voir se réaliser. Sans doute parce qu’ils s’imaginent être en mesure de gagner la guerre en question, ce qui ne fait qu’ajouter à leur naïveté.
  • « Alain de Benoist : « Le Front national n’est de toute évidence pas prêt à l’exercice du pouvoir» », Alain de Benoist, Metamag, 27 mai 2016 (lire en ligne)


Sur l'islam, l'islamisme et le djihadisme[modifier]

Le terroriste moderne est le lointain descendant du combattant irrégulier des guerres de partisans. La différence est qu’il vise désormais des cibles indistinctes et qu’il agit à l’échelle mondiale, ce qui veut dire qu’il s’est « déterritorialisé ». Le terrorisme global est à l’image de notre temps : trasnational, fluide, organisé en réseaux. [...] Les victimes des bombes ne sont jamais la cible principale du terrorisme. Celui-ci vise avant tout les gouvernements et les opinions publiques. Les victimes immédiates ne sont pas des fins en soi, mais des moyens pour faire pression et frapper les esprits. Les médias, contraints de faire leurs gros titres sur l’événement, en sont le relais principal et, objectivement, les auxiliaires majeurs. [...] En outre, même s’il existe un lien entre eux, ce serait une grave erreur de confondre l’islam avec l’islamisme et l’islamisme avec le terrorisme. Il importe surtout de comprendre que, si les terroristes commettent des actes criminels, ce ne sont ni des « fous », ni des « criminels de droit commun », ni même des « fanatiques » dénués de toute rationalité. Leurs actes sont d’abord des actes politiques. Ils sont la conséquence de situations politiques concrètes.
  • « Les attentats de Londres », Alain de Benoist, VoxNr, 13 juillet 2005 (lire en ligne)


Les mêmes qui trouvent tout-à-fait normal que des caricatures antimusulmanes paraissent dans un "pays libre" accepteraient-ils de la même façon la publication de caricatures antijuives ? Ceux qui rient de voir représenté Mohamet dans des postures équivoques ou grotesques admettraient-ils avec la même facilité la diffusion mondiale d'images pornographiques d'Anne Frank ? Diraient-ils qu'il ne s'agit après tout que de caricatures, en laissant entendre que ceux qui s'en offusquent sont exagérément " susceptibles " ? On sait bien que non. Il y a dans les pays européens des lois qui sanctionnent l'antisémitisme, mais il n'y en a aucune qui sanctionne l'islamophobie. Pour nombre de musulmans, il y a là deux poids et deux mesures..


Mettre dans le même sac les problèmes de l’immigration, de l’islam, de l’islamisme et du djihadisme est vraiment la marque de fabrique des esprits paresseux.
  • « Alain de Benoist : Les reniements du PC ne m’inspirent que du dégoût… », Alain de Benoist, Boulevard Voltaire, 3 mars 2013 (lire en ligne)


Les islamologues de comptoir, qui traitent de l’islam comme d’un tout homogène et unitaire, citent (de seconde main) les sourates du Coran comme d’autres « experts » citent les Protocoles des Sages de Sion, et dénoncent leurs contradicteurs comme des « islamo-fellateurs », « lécheurs de babouche » et « dhimmis » en puissance, rentrent dans cette catégorie, qui relève moins de la politique que du trouble obsessionnel compulsif.
  • « Alain de Benoist : Phobies en tout genre et points Godwin : l’État se défend comme il peut… », Alain de Benoist, Boulevard Voltaire, 3 mars 2014 (lire en ligne)


Les djihadistes (ou les lanceurs de fatwas) sont aussi représentatifs de l’islam que le Ku Klux Klan est représentatif de la chrétienté. Au demeurant, ce ne sont pas les djihadistes, mais les Occidentaux qui ont les premiers agité le spectre du « clash des civilisations » après s’être employés à déstabiliser tout le Proche-Orient et à éliminer tous les chefs d’État arabo-musulmans qui, de Saddam Hussein à Kadhafi, avaient érigé des barrages contre l’islamisme radical. La nécessité de lutter contre les conséquences immédiates ne doit pas faire oublier la réflexion sur les causes premières.
  • « Charlie Hebdo, libéral-libertaire, était devenu l’un des organes de l’idéologie dominante », Alain de Benoist, Boulevard Voltaire, 9 janvier 2015 (lire en ligne)


Les djihadistes assurent qu’ils représentent le « véritable islam », les islamophobes leur donnent raison en disant qu’il n’y a pas de différence entre l’islam et l’islamisme. Que les premiers commettent des attentats alors que les seconds verraient plutôt sans déplaisir se multiplier les pogroms contre ceux qui « rejettent le mode de vie occidental » (le sympathique mode de vie mondialisé de la consommation soumise) n’y change rien. Les islamophobes sont les idiots utiles de l’islamisme radical.
  • « Alain de Benoist : Les islamophobes sont les idiots utiles de l’islamisme radical », Alain de Benoist, Boulevard Voltaire, 18 janvier 2015 (lire en ligne)


Nous faisons la guerre chez eux, ils font la guerre chez nous. C’est aussi simple que cela.
  • « Alain de Benoist : Nous faisons la guerre chez eux, ils font la guerre chez nous », Alain de Benoist, Boulevard Voltaire, 29 novembre 2015 (lire en ligne)


Le « choc des civilisations » n’est qu’une formule dans laquelle chacun met ce qu’il veut. La principale faiblesse des explications « culturalistes » des conflits est de faire l’impasse sur les logiques politiques qui conduisent à ces conflits, et aussi de faire oublier que l’immense majorité des conflits ont toujours eu lieu (et continuent d’avoir lieu) au sein d’une même civilisation.
  • « Alain de Benoist : Djihadisme et choc des civilisations ? Une formule fourre-tout », Alain de Benoist, Metamag, 15 avril 2016 (lire en ligne)


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