Jacques-Louis David

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Autoportrait 1791

Jacques-Louis David (17481825) est un peintre français chef de file du néoclassicisme.

Écrits[modifier]

Raphaël[modifier]

Raphaël homme divin ! c'est toi qui par degré m'éleva jusqu'à l'antique ! C'est toi peintre sublime! c'est toi parmi les modernes qui est arrivé le plus près de ces inimitables modèles!
  • « Autobiographie inachevée (1808) », dans David l'art et le politique (1989), Régis Michel, éd. Gallimard, coll. « Découverte », 1989, p. 134


Découverte de l'antique à Naples[modifier]

Il me sembla qu'on venait de me faire l'opération de la cataracte. Je compris que je ne pouvais pas améliorer ma manière dont le principe était faux, et qu'il fallait divorcer avec tout ce que j'avais cru d'abord être le beau et le vrai.
  • « Autobiographie inachevée (1808) », dans David (1989), Philippe Bordes, éd. Hazan, 1989, p. 28


Nudité dans sa peinture[modifier]

Actuellement que je crois avoir répondu d'une manière satisfaisante au reproche que l'on m'a fait, ou qu'on pourra me faire, sur la nudité de mes héros, qu'il me soit permis d'en appeller aux artistes.(...) En un mot, mon intention, en faisant ce tableau, étoit de peindre les mœurs antiques avec une telle exactitude, que les Grecs et les Romains, en voyant mon ouvrage, ne m'eussent pas trouvé étranger à leurs coutumes.
  • « Note sur la nudité de mes héros (1799) », dans David l'art et le politique (1989), Régis Michel, éd. Gallimard, coll. « Découverte », 1989, p. 161


Propos[modifier]

L'Académie royale de peinture et de sculpture[modifier]

L'Académie est comme la boutique d'un perruquier, on ne peut en sortir sans avoir blanchi son habit. Que de temps vous perdez à oublier ces attitudes, ces mouvements de convention dont ses professeurs tendent, comme une carcasse de poulet, la poitrine du modèle! Ils vous apprendront sans doute à faire votre torse, le métier enfin; car ils font métier de la peinture ; quant à moi, le métier, je le méprise comme la boue.
  • Le Peintre Louis David 1748-1825. Souvenirs et documents inédits. (1880), Jacques-Louis-Jules David, éd. Harvard, 1880, p. 57


Sur la peinture[modifier]

Je veux que mes ouvrages portent le caractère de l'antiquité, au point que, s'il était possible qu'un Athénien revint au monde, ils lui parussent être l'ouvrage d'un peintre grec.
  • Vie de David (1826), A. Th. (Thomé ou Thibaudeau), éd. Imprimerie J. Tastu, 1826, p. 13


Il est des peintres qui ne découvrent rien dans la nature; ils n'y voient que ce qu'ils savent par cœur
  • Histoire de l'art français au dix-huitième siècle (1860), Arsène Houssaye, éd. Plon, 1860, p. 371


Je connais des peintres qui ne savent pas copier des hommes, et qui prétendent monter dans le ciel pour y peindre des dieux
  • Histoire de l'art français au dix-huitième siècle (1860), Arsène Houssaye, éd. Plon, 1860, p. 372


Il ne faut pas seulement regarder le modèle, il faut y lire comme dans un livre
  • Histoire de l'art français au dix-huitième siècle (1860), Arsène Houssaye, éd. Plon, 1860, p. 372

Sur son école[modifier]

Dans dix ans, l'étude de l'antique sera délaissée. Tous ces dieux, ces héros seront remplacés par des chevaliers, des troubadours chantants sous les fenêtres de leurs dames, au pied d'un antique donjon. La direction que j'ai imprimé aux beaux-arts est trop sévère pour plaire longtemps en France...Quand je disparaitrai, l'école disparaitra avec moi.
  • Conversation avec sa fille, lors du Salon de 1808.
  • Le Peintre Louis David 1748-1825. Souvenirs et documents inédits. (1880), Jacques-Louis-jules David, éd. Havard, 1880, p. 504


Georges Jacques Danton[modifier]

Le voila, le scélérat ! C'est ce scélérat qui est le Grand-juge !
  • Adressé à Danton, tandis que celui-ci est emmené vers son exécution.
  • Journal d'un bourgeois de Paris pendant la Terreur, Volume 4 (1794), Edmond Biré, éd. Librairie académique Didier, 1794, p. 370


Jean-Germain Drouais[modifier]

Je pris le parti de l’accompagner, autant par attachement pour mon art que pour sa personne ; je ne pouvais plus me passer de lui ; je profitais moi-même à lui donner des leçons, et les questions qu’il me faisait seront des leçons pour ma vie : j'ai perdu mon émulation.
  • Tirée d'une lettre de David après avoir appris la mort de Drouais en 1788.
  • Le Pausanias français (1808), Pierre Jean-Baptiste Chaussard, éd. F. Buisson, 1808, p. 340


Géricault[modifier]

D'où cela sort-il, je ne connais pas cette touche ?
  • Commentaire de David, aprés avoir vu le tableau de Géricault L'Officier de chasseur à cheval au Salon de 1812.
  • Guide de l'amateur au musée du Louvre, suivi de la vie et les œuvres de quelques peintres. (1882), Théophile Gautier, éd. Charpentier, Paris, 1882, p. 21


Girodet[modifier]

Ah, ah ! vous ne connaissez pas encore Girodet; c'est l'homme aux précautions. Il est comme les lions, celui-là, il se cache pour faire des petits.
  • Louis David son école et son temps (1855), Étienne-Jean Delécluze, éd. Macula, 1983, p. 265


Ah ça ! il est fou, Girodet !... Il est fou, ou je n'entends plus rien à l'art de la peinture. Ce sont des personnages de cristal qu'il nous a fait là... Quel dommage ! avec son beau talent, cet homme ne fera jamais que des folies... Il n'a pas le sens commun.
  • Louis David son école et son temps (1855), Étienne-Jean Delécluze, éd. Macula, 1983, p. 266


En regardant les tableaux de Raphaël ou de Paul Véronèse, on est content de soi; ces gens-là vous font croire que la peinture est un art facile; mais quand on voit ceux de Girodet, peindre parait un métier de galérien.
  • Un siècle d'art : Notes sur la peinture française (1890), Armand Dayot, éd. Librairie Plon, 1890, p. 46


Marie-Antoinette[modifier]

C'est une grande disgrâce que cette charogne n'ait pas été étranglée ou mise en pièce par les émeutières, car tant qu'elle sera vivante, il n'y aura pas de paix dans ce royaume.
  • (it) È stata una gran disgrazia che quella carogna non sia strangolata o fatta in pezzi da quelle donnaccie, perché fintantoché sarà viva, non ci sarà quiete nel regno
  • Cité par Philippo Mazzei dans ses mémoires, à propos de la journée du 6 octobre 1789.
  • « Memories della vita e delle peregrinazioni del Fiorentino (1845) », dans Le Serment du Jeu de Paume de Jacques-Louis David (1983), Philippe Bordes, éd. réunion des musées nationaux, 1983, p. 28


Napoléon[modifier]

Oh ! Mes amis quelle belle tête il a ! C'est pur, c'est grand, c'est beau comme l'antique ! (…) Enfin, mes amis, c'est un homme auquel on aurait élevé des autels dans l'antiquité ; oui, mes amis ; oui, mes chers amis ! Bonaparte est mon héros !
  • Louis David son école et son temps (1855), Étienne-Jean Delécluze, éd. Macula, 1983, p. 203


Les généraux n'entendent rien à la peinture
  • Réaction de David aprés la critique que fit Bonaparte de son tableau des Sabines
  • David (1987), Luc de Nanteuil, éd. Cercle d'art, 1987, p. 33


Nicolas Poussin[modifier]

L'immortel Poussin traçant sur la toile les plus sublimes leçons de philosophie, est un témoin qui prouve que le génie des arts ne doit avoir d'autre guide que le flambeau de la raison
  • Mémoires de David, peintre et Député à la Convention (1850), Miette de Villars, éd. Chez tous les libraires, Paris, 1850, p. 126


Robespierre[modifier]

Vois-tu, mon cher, Robespierre, ce qu'il aime en moi, c'est mon civisme; c'est mon amour, mon enthousiasme pour la Révolution! Il ne se soucie pas plus de la peinture que des peintres. En effet, mon cher, qu'est ce que la peinture à côté d'un homme comme Robespierre!
  • Causeries sur les artistes de mon temps, Jean Gigoux, éd. Calman Levy, 1885, p. 223


Robespierre, si tu bois la ciguë, je la boirai avec toi!
  • Phrase adressée à Robespierre par David au club des Jacobins le 8 thermidor an II (26 juillet 1794)
  • Histoire des Girondins (1848), Alphonse de Lamartine, éd. W. Coquebert, 1848, p. 307


On ne peut concevoir jusqu'à quel point ce malheureux m'a trompé. C'est par ses sentiments hypocrites qu'il m'a abusé, et, citoyens, il n'aurait pu y parvenir autrement.(...)Dorénavant, j'en fais le serment, et j'ai cru le remplir encore dans cette malheureuse circonstance, je ne m'attacherais plus aux hommes, mais seulement aux principes.
  • Prononcé par David lors de sa mise en accusation comme partisan de Robespierre le 15 thermidor
  • Louis David son école et son temps (1855), Étienne-Jean Delécluze, éd. Macula, 1983, p. 171


Citations sur David[modifier]

Charles Baudelaire[modifier]

Quand David, cet astre froid, et Guérin et Girodet, ses satellites historiques, espèces d'abstracteurs de quintessence dans leur genre, se levèrent sur l'horizon de l'art, il se fit une grande révolution.(...) Cette contemplation perpétuelle de l'histoire grecque et romaine ne pouvait, après tout, qu'avoir une influence stoïcienne salutaire; mais ils ne furent pas toujours aussi Grecs et Romains qu'ils voulurent le paraître. David, il est vrai, ne cessa jamais d'être héroïque, l'inflexible David, le révélateur despote.
  • « L'exposition universelle de 1855: Ingres », dans Curiosités esthétiques (1868), Charles Baudelaire, éd. M. Lévy, 1868, p. 223 (texte intégral sur Wikisource)


Georges Jacques Danton[modifier]

Te voilà, valet; vas apprendre à ton maître, comment meurent les soldats de la liberté !
  • Adressé à David par Danton le 5 avril 1794 alors qu'il est conduit à l'échafaud.
  • Mémoires de Sanson, mis en ordre, rédigés et publiés (1863), Charles Henry Sanson, éd. Dupray de la Mahérie, 1863, p. 77


Valet !
  • Même circonstance que ci-dessus, mais provenant d'une source contemporaine.
  • Journal d'un bourgeois de Paris pendant la Terreur, Volume 4 (1794), Edmond Biré, éd. Librairie académique Didier, 1794, p. 364


Eugène Delacroix[modifier]

David est un composé singulier de réalisme et d'idéal
  • Journal de Delacroix (1860), Eugène Delacroix, éd. Plon, 1996, p. 767


Les ouvrages de nos philosophes avaient réveillé le sentiment de la nature et le culte des anciens. David résuma dans ses peintures, ce double résultat. Il est difficile de se figurer ce que fût devenue dans ses mains une nouveauté si hardie pour l'époque où elle se produisit, s'il eût possédé les qualités extraordinaires d'un Michel-Ange ou d'un Raphaël. Elle fût toutefois d'une portée immense au milieu du renouvellement général des idées et de la politique.
  • Journal de Delacroix (1862), Eugène Delacroix, éd. Plon, 1996, p. 803


Denis Diderot[modifier]

Ce jeune homme montre de la grande manière dans la conduite de son ouvrage: il a de l'âme; ses têtes ont de l'expression sans affectation; ses attitudes sont nobles et naturelles; il dessine; il sait jeter une draperie et faire de beaux plis; sa couleur est belle sans être brillante. Je désirerais qu'il y eut moins de raideurs dans ses chairs; ses muscles n'ont pas assez de flexibilité en quelques endroits. Rendez par la pensée son architecture plus sourde et peut-être que cela fera mieux.
  • « Salon de 1781 », dans Œuvres complètes de Diderot tome douzième (1781), Denis Diderot, éd. Garnier frères (Paris), 1875-1877, p. 63


Jean-Auguste-Dominique Ingres[modifier]

David établit son enseignement sur les principes les plus vrais, les plus sévères et les plus purs.
  • Ingres, sa vie, ses travaux, sa doctrine, Henri Delaborde, éd. Henri Plon (Paris), 1870, p. 22
David a été le seul maître de notre siècle.
  • Ingres, sa vie, ses travaux, sa doctrine, Henri Delaborde, éd. Henri Plon (Paris), 1870, p. 22
Je n'ai pu oublier le puissant David, qui, plus d'un siècle après Poussin, a été le glorieux régénérateur de l'art en France.
  • Ingres, sa vie, ses travaux, sa doctrine, Henri Delaborde, éd. Henri Plon (Paris), 1870, p. 363


Vincent van Gogh[modifier]

[Ingres et David], ne font pas toujours de la belle peinture, [mais] deviennent fameusement intéressants, même eux, quand, se débarassant de leur pédanterie, ils s'oublient — dans la recherche du vrai — dans la restitution d'un caractère.
  • Van Gogh, Steven Naifeh et Gregory White Smith (trad. Isabelle D. Taudière), éd. Flammarion, 2012, p. 602


Stefan Zweig[modifier]

C'est Louis David, une des âmes les plus viles en même temps que l'un des plus grands artistes de l'époque.
  • Marie Antoinette (1938), Stefan Zweig, éd. Grasset, 2004, p. 492


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